Depuis quelques semaines, on reste dans la foulee des livres qui contiennent nombre d’emotions nostalgiques.

Livres interiorises, d’ou peut-etre votre epanchement de sentiments trop longuement retenus, par le procede de l’ecriture.

Il suffit de s’en aller par des lieux ignorant les habitudes afin que la vulnerabilite une memoire altere nos certitudes. Cela arrive au narrateur du roman de Maxime Mongeon qui, las de son existence monotone, profite d’un elan de tendresse sensuelle envers sa femme, Celine, pour lui annoncer qu’il va faire un voyage qui l’eloignera d’elle et de leurs gamin. Ce qu’elle approuve pleinement, ayant saisi le desarroi de son compagnon, qui cherche nouvelle chose en lui. Ou ailleurs. Ailleurs qui ne est jamais nomme mais depeint di?s qu’il prendra pension dans un cafe-hotel, loin de la ville, proche d’une mer. Nous sommes prevenus en violence du climat politico-social. C’est l’armee qui dirige sauvagement l’ile, des meurtres neutralisant le quotidien de ceux qui resistent. Regne l’omerta, votre que comprendra le narrateur di?s qu’il essaiera de amener l’assassinat de nous, commis a le arrivee.

Preambule obsessionnel dont se sert le narrateur Afin de nous confier que son coloc’, Sam, semble s’i?tre noye dans sa piscine.

Accident, suicide ? Sam etait un ecrivain meconnu, auteur de plusieurs essais negliges par la critique. Bouleverse, le narrateur a emporte plusieurs livres de Sam concernant l’ile, une part de sa correspondance, se souvenant de l’ensemble de ses infractions dans sa maison, autorisees par le fils. C’est un fil d’Ariane que le narrateur utilise, enferme dans sa propre grotte pour nous faire part de l’ensemble de ses interiorites de cinquantenaire desenchante. Mes etres qu’il cotoie, ceux du cafe-hotel, ont fera La selection de s’installer via l’ile corrompue Afin de echapper a quelque modernisme qu’ils jugent nefaste, contrairement a lui qui possi?de forcement manque de courage pour satisfaire ses necessites, comme celle de rediger, s’etant contente de conformisme. On voit Alexandre, le chef de cuisine, petit homme au regard plein de bonte, avec qui il cree un silencieux lien cordial. Maria, femme a tout faire, que le narrateur admire, « telle une reine dont la modestie irradie. Elle detient votre demarche a travers laquelle le sort de l’univers parai®t jete. » Mais ils font surtout le botaniste, « grand gaillard aux lunettes rondes » qui repertorie l’ensemble des especes de plantes, avec qui il se liera malgre lui, le botaniste ayant saisi la debandade mentale du voyageur. Le etat gravement depressif. D’autres, marginaux, comme Pierre et sa femme Francine. Le narrateur, entre ses contemplations sur le magistral paysage oceanique, s’enferme dans sa chambre a lire les essais de Sam, sa correspondance. Dans un calepin ordinaire, il prend des notes, mentionne sa propre relation bancale avec sa femme, Celine, la mort de Sam qu’il a sorti en piscine, regrettant amerement de ne point lui avoir accorde plus d’importance, leurs conversations se limitant a celles tout d’un bon voisinage. Cela s’enfoncera Sans compter que qui plus est dans un remords inconcevable, melant une life et le desir d’ecrire, ignorant que Sam se penchait sur le sort du monde, le sien se limitant a son couple, ses fils, le bricolage. Traumatise via le deces de son coloc’, il se rendra chez un psychologue, pensant dissequer sa souffrance mais L’expert semble decontenance par nos propos de son patient, inapte a diriger sa vie, a donner un blackpeoplemeet chat sens a ses souhaits embrouilles dans une demission prematuree, depasse qu’il est avec ses reves emiettes, par votre qu’il desirait entreprendre aussi que Sam, veuf, se demenait pour le plus au milieu des mots, ses verites profondes. Le narrateur donne l’impression de vagabonder dans un reve enfantin d’ou reste exclue toute forme de maturite. Cela ne choisit jamais, influencable, il subit. Il se baigne au sein d’ l’ocean avec Alexandre, boit des bieres offertes par Pierre, patron de l’hotel. Rien de consistant n’emane de sa retraite, oubliant meme de donner de ses nouvelles a sa propre copine. On dirait que la sentence qu’il enonce contre lui dans domicile de Sam, qui donne le titre au roman, contient ses problematiques, ses refus a faire part de l’univers. A l’affronter dignement. Ses reminiscences portant sur ses amis sont effleurees, telles ses relations avec ses collegues d’embauche. Se delie douloureusement l’existence cauchemardesque de nous qui se pense victime tout d’un songe inaccompli, notre vie ne tenant qu’a un fil noue de l’ensemble de ses surprenantes deconvenues.